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D'où viennent les bonnes idées ?

Comprendre les mécanismes du cerveau pour trouver des idées facilement, seul ou à plusieurs

BOOK

Notre cerveau est une puissante machinerie d’environ cent milliards de neurones. Bien qu’il ne représente que 2% de notre corps, il consomme 20% de notre énergie à lui seul pour assurer ses multiples tâches quotidiennes, dont la motricité, le langage, la mémoire ou le calcul. L’information neuronale s’effectue pour chacune de ces tâches à une vitesse de 430 km/h. Le cerveau met en place des automatismes de pensée qui permettent de les effectuer rapidement, sans avoir y repenser chaque fois. On lui doit aussi la capacité de générer des idées nouvelles. Mais cette activité requiert un fonctionnement différent, où ces mêmes réflexes, si utiles dans la vie quotidienne, se révèlent défavorables quand il s’agit de produire des idées nouvelles. Or notre cerveau y recourt spontanément parce qu’il a tendance, par nature, à à emprunter des chemins connus.

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Cette paresse créative du cerveau, nommée "fixation" par les chercheurs, se traduit par une difficulté à s’écarter des solutions classiques. Nos automatismes, judicieux face à un problème simple, connu ou une situation d’urgence, peuvent nous induire en erreur dès que le problème est plus élaboré, complexe ou inédit. Dans ce cas, il faut parvenir à contourner le pilotage automatique de notre cerveau pour enclencher un raisonnement logique. Ce passage d’un système de pensée à l’autre joue un rôle crucial dans le processus de créativité. Puisqu’il n’est pas naturel, il est nécessaire de l’exercer.

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Prenons celui de la mare aux nénuphars, dont l’énoncé est le suivant : "La parcelle de nénuphars d’un lac double chaque jour. Sachant qu’il faut 48 jours pour que la parcelle recouvre entièrement le lac, combien de temps faut-il pour qu’elle recouvre la moitié du lac ? " Notre cerveau nous souffle rapidement une réponse basée sur nos expériences : 24, qui correspond à la division par deux de 48. Or, la réponse est 47. Notre association d’idées générée par le mode intuitif nous a trompé. Dans cet exemple, il n’y a qu’une réponse au problème, et elle est logique. Elle demande donc le temps du raisonnement. Et pour penser autrement, il est d’abord nécessaire de prendre ce temps. D’autant plus quand il s’agit de trouver des idées originales, inédites, pour lesquelles il n’y a pas encore de réponse connue. Ce qui dément l’idée reçue qui voudrait que l’inspiration fuse en 15 minutes de brainstorming !

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Mais alors comment exercer sa capacité d'innovation ? Pour créer du nouveau, on peut déjà différencier le connu (nos connaissances) de l’inconnu (nos idées) pour les faire dialoguer et créer des oxymores (association de mots dont le sens est contradictoire) : une chaise sans pieds, un sac de luxe solidaire, etc. Partons de l’idée d’un "café infantile". On décline d’abord les sens alternatifs de "café" (plante, graine, lieu, arôme) et de "infantile" (relatif à l’enfance, immature, etc.), pour affiner ses caractéristiques potentielles : qui peut être consommé par les enfants (aromatisant d’une glace), qui fait retomber en enfance (madeleine de Proust), qui manque de maturité (café vert). Peu à peu, le concept ou le produit se dessine avec sa propre logique. Pour y parvenir, l’imaginaire et l’émotionnel, libérés des conventions, sont de précieux vecteurs.

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Extrait de l'article de Caroline Goullioud pour Prima

 

Le livre :

Brun, Juliette (2019), D'où viennent les bonnes idées, Diateino.

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