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L'innovation couplée : vers des systèmes alimentaires plus sains et plus durables

CASE STUDY

Comment aider des chercheurs à imaginer des questions de recherche innovantes, associant les enjeux de la production agricole et de la transformation alimentaire

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Le couplage d'innovations : pourquoi est-ce nécessaire ?

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La transition vers une alimentation et une agriculture plus durables nécessite de promouvoir les capacités d’innovation du secteur agri-alimentaire. La recherche scientifique joue en particulier un rôle majeur dans la proposition et le développement d’innovations adressant de grands défis contemporains, tels que l’amélioration de la qualité des sols et de l’eau, la réduction des pesticides, la prévention des carences nutritionnelles et de l’obésité, la protection de la biodiversité ou encore la lutte contre le réchauffement climatique. En revanche, la recherche sur la production agricole et la recherche sur la transformation alimentaire restent encore fortement déconnectées et visent souvent à accroître la durabilité de l’agriculture et de l’alimentation séparément. Une telle logique montre rapidement ses limites en raison de la forte interconnexion entre le secteur agricole et l’industrie agroalimentaire : par exemple, une diminution de l’usage des engrais permet de contrôler la pollution de l’eau par l’agriculture, mais elle entraîne également une diminution de la teneur en protéines de la farine de blé, ce qui impacte la qualité et l’aspect du pain et n’est donc pas acceptée par l’industrie agro-alimentaire avec ses procédés actuels.

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Il est ainsi crucial que la recherche favorise la production de nouvelles connaissances et de nouvelles innovations susceptibles de s’appliquer à l’échelle du système agri-alimentaire tout entier (de la production à la transformation, voire au-delà). Cet article présente une démarche d'innovation mise en place au sein de l'INRA et d'AgroParisTech afin d'aider les chercheurs en production et en transformation à concevoir un agenda de recherche innovant et partagé.

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Des Labs pour concevoir la recherche de demain

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Dans le but de concevoir des questions de recherche innovantes et partagées (par exemple, des procédés de panification de farine à faible teneur en protéines ou encore des mélanges variétaux adaptés à la fois à la réduction des pesticides et à une panification de haute qualité), 20 scientifiques - étudiant pour certains la production, pour d’autres la transformation - se sont réunis à l’occasion de 3 ateliers collaboratifs. L’organisation et l’animation des ateliers s’est appuyée sur les outils et méthodes de la conception innovante, et en particulier, sur la méthode C-K et le format d'atelier DKCP.

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Concevoir des questions de recherche communes nécessite en effet un effort particulier : chaque domaine présente un vocabulaire et des notions spécifiques, et les scientifiques ont souvent tendance à se fixer sur les connaissances liées à leur domaine, et plus particulièrement, liées à leur discipline et à leur expertise. Les outils et méthodes de la conception innovante visent précisément à surmonter ces effets de fixation. Ils accompagnent les explorations collectives de nouvelles pistes d’innovation et favorisent l’identification d’opportunités communes.

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Identifier des pistes d'innovation communes

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Le thème retenu pour l’ensemble de la série d’ateliers était « L’innovation couplée pour le développement de systèmes agri-alimentaires plus durables ». L’innovation couplée désigne un concept d’innovation où les acteurs de la production et de la transformation partagent leurs attentes et conçoivent des innovations qui conviennent à chacun.

L’organisation des ateliers s’est articulée autour d’une cartographie C-K. Il s’agit d’une cartographie du champs des possibles : cette dernière permet d’explorer de façon méthodique la thématique des ateliers, de préparer leur contenu et de contrôler l’état de l’exploration réalisée par les participants en atelier.

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Les ateliers collectifs se sont systématiquement décomposés en deux phases :

  • Une phase de partage de connaissances (Phase Knowledge ou Phase K) qui consiste en des exposés d’intervenants présentant l’état de l’art récent, mais également des connaissances décalées et inspirantes.

  • Une phase de génération d’idées (Phase Concept ou Phase C) organisée autour de grands thèmes appelés « Projecteurs »

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Un agenda de 20 questions de recherche innovantes

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À l’issue des ateliers, la cartographie a ouvert 6 voies principales d'exploration pour le thème de l’innovation couplée.

 

La phase de préparation des ateliers a notamment permis d’identifier 7 concepts projecteurs autour desquels s’est organisée la génération d’idées pendant les ateliers : 

  • La restauration collective 100% locale

  • Une gastronomie végétale

  • Un terroir durable

  • Le frigo 100% local

  • Un terroir à inventer

  • Le mélange d’espèces, du champ jusque dans l’assiette

  • Une alimentation « 0 déchet »

 

Une liste de 20 questions de recherche innovantes et partagées a été établie à partir des ateliers. Elle permet d'adresser 7 thématiques variées :

  • (Bio)diversité cultivée

  • Ingénierie de l'innovation couplée

  • Économie symbiotique

  • Propriétés sensorielles des aliments

  • Apprentissages et logiques de prescription

  • Terroirs et innovation

  • Alimentation locale

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La prochaine étape de ce travail consiste à créer une communauté de chercheurs qui pourrait contribuer à traiter ces questions de recherche, tout en explorant de nouvelles pistes d’innovation. Outre l’étude des schémas organisationnels à adopter, il conviendra notamment de réfléchir à l’implication potentielle de nouvelles parties prenantes (agriculteurs, conseillers, partenaires industriels, agences de l’eau, PME, etc.) afin de savoir si elles peuvent et/ou doivent être incluses dans cette nouvelle communauté et quelle place elles pourraient occuper dans le processus d’innovation collective. 

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